A la demande de la revue Protestant de l'Ouest, Eric Boone a rédigé ce très bref texte à propos du dialogue entre protestants et catholiques. Un exercice très difficile et même un peu impossible en si peu de mots ! La réalité des Églises en cause est aujourd'hui si mouvante qu'il est difficile de trop généraliser. Entre les lignes, j'essaie de faire comprendre que les tensions internes à chacune des Églises sont autant de freins à l'unité entre les Églises.
Présentation plus détaillée de ce numéro Hors-série sur le site de l’Église protestante unie de France.
On peut le trouver en librairie ou le commander ici.
Où
en sont les relations œcuméniques entre
protestants
et catholiques ?
©
Éric Boone
Né
dans les milieux protestants, l'effort de rapprochement entre les
Églises chrétiennes en vue de leur unité visible, l’œcuménisme,
n'a gagné l'Église catholique romaine qu'à partir des années 50.
Il a d'abord porté sur une meilleure connaissance mutuelle : après
des siècles de séparation, l'enjeu était grand de se rencontrer et
de découvrir l'autre dans son authentique fidélité à l'Évangile.
Cette phase importante et enthousiasmante du dialogue est aujourd'hui
terminée. Les relations devenues peu à peu fraternelles ont produit
de beaux fruits et permis des avancées rapides. Pour autant, force
est de constater que cet œcuménisme a surtout été le fait de
militants convaincus sans toujours parvenir à entraîner l'ensemble
des communautés. Parfois même, les franges les plus conservatrices
de chacune des confessions chrétiennes se sont opposées au
dialogue. Du côté du catholicisme, ceux qu'on appelle les
traditionalistes et, plus encore, les intégristes, ne cessent de
dénoncer l’œcuménisme. Du côté du protestantisme, les Églises
évangéliques ne s'y sont que récemment intéressées. Ainsi, les
partenaires appelés à se réunir autour de la table du dialogue
sont de plus en plus nombreux et de plus en plus différents. Cela
rend le dialogue plus complexe, plus lent aussi, au risque de donner
à certains l'impression que l’œcuménisme stagne ou régresse.
Cette impression doit pourtant être nuancée : aujourd'hui, de
nombreuses réalisations communes voient le jour (études bibliques,
actions concrètes, prières et célébrations...). Catholiques et
protestants ont pris l'habitude de prier, de réfléchir ou d'agir
ensemble. Au niveau théologique, là où, au cours de l'histoire,
des divisions ont eu lieu, de réelles avancées ont été possibles
: par exemple, la déclaration conjointe sur la doctrine de la
justification, signée par l'Église catholique et la Fédération
luthérienne mondiale, en 1999, a permis de dépasser un contentieux
historique décisif. Sur bien des poins, les dossiers théologiques
ont été instruits. On sait très précisément ce qui nous sépare
(notamment la question de l'Église et de son rôle dans le salut).
L’œcuménisme doit donc aujourd'hui se préoccuper des conversions
institutionnelles concrètes qui découlent de ce travail
théologique. C'est évidemment le plus délicat et le plus coûteux.
Paru
dans :
Protestant
de l'Ouest, Hors-série, "95 questions
sur le protestantisme !", mai 2013
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