Sous le titre Pleinement humains, pleinement différents. Signification anthropologique de la différence masculin/féminin, le Centre théologique publie un texte rédigé par Éric Brauns, philosophe.
En quelques pages Éric Brauns plaide pour une reconnaissance assumée de la différence des sexes. Il en pointe les enjeux anthropologiques.
Un des éléments importants de ce texte est également le souci de se situer au niveau philosophique, afin de parler à tous, croyants ou non (Il s'appuie notamment sur Michel de Certeau et Paul Ricoeur).
Un texte engagé qui appelle au dialogue...
Éric Brauns, Pleinement humains, pleinement différents. Signification anthropologique de la différence masculin/féminin, Centre théologique de Poitiers, novembre 2013, 44p. (dont 5 pages de bibliographie résumée) à commander au Centre théologique (3€ + port éventuel).
Extraits... copyright Centre théologique de Poitiers - Reproduction interdite
1 - "L’unité
de l’homme (anthropos) est dans son essence même, c’est-à-dire
dans l’intime de sa nature, une unité paradoxale, double ou
différenciée. En l’homme, il y a donc du même et de l’autre,
du semblable et du dissemblable, de l’identique et de
l’irréductible. L’homme et la femme sont à la fois un et
incomparables. Ce qui fait leur unité, est-ce ce qu’ils possèdent
en commun et, dans ce cas, qu’ont-ils en commun ? Ou est-ce,
au contraire, ce que chacun a en propre et que ne possède pas
l’autre ? Peut-on – sans verser dans les clichés –
identifier aisément ce que la femme porte de caractères singuliers,
le strictement féminin en elle ? Et peut-on faire de même pour
l’homme ?"
2 - "Pour
l’anecdote, on a émis l’idée que le titre de « mademoiselle »
relevait d’une honteuse discrimination sexiste puisque l’équivalent
masculin n’est plus en usage. Et qu’il y avait du mépris
condescendant à traiter d’oiselles les filles, alors qu’aucune
étymologie en ce sens n’est avérée. On remplace « père et
mère » par les anonymes « parents 1 et 2 » pour se
hisser au-dessus de la nature, évoluant au paradis indifférencié
de la liberté. En voulant nier la différence en commençant par
interdire des mots, la liberté veut dicter son ordre : elle se
veut donc originaire et inconditionnée. Elle n’accepte même pas
d’assumer le langage et son antériorité. Tout est à sa
disposition. Or, si elle se voit inconditionnée, elle se pose du
même coup non plus comme finie, déterminée, mais comme infinie et
toute-puissante. Tel est le délire libertaire qui non seulement
récuse ce qui le précède mais refuse aussi d’incarner son
autonomie dans des institutions."
3 - "Le
manque constitutif n’est précisément pas le creux d’un plein,
le moule concave qui décrirait par avance la statue, car il est
indéterminé. Ne peut-on pas dire que vivre, c’est toujours
manquer de vie, que connaître, c’est manquer de vérité,
qu’aimer, c’est manquer d’amour ? Pour peu que nous
entrevoyions ce qu’est la beauté, nous manquons du beau comme du
bien. Par suite, dans mon échange avec l’autre, m’apparaît que
l’autre manque autant que moi. Comme il (ou elle) vit ce manque
comme une raison d’explorer, la relation est pour le meilleur
ancrée dans le manque du manque de l’autre. Manquer vraiment de
l’autre, ce n’est pas savoir ou même deviner ce qu’il a que
nous voudrions conquérir mais manquer de son manque qui le pousse à
nous rencontrer. Qui ne manque pas ne se relie ni aux hommes ni à
Dieu. Le rêve de s’auto-suffire est mortel."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire