vendredi 16 mai 2014

Vient de paraître

  
Le salut aujourd'hui comme au temps des Pères
Actes du quinzième colloque hilarien, colloque tenu à Poitiers en janvier 2014

Avec les interventions de :
Yves-Marie Blanchard, prêtre du diocèse de Poitiers, Professeur émérite du Theologicum de l'Institut catholique de Paris : " La question du salut chez Hilaire de Poitiers"

Charbel Maalouf, prêtre, Curé de la paroisse grecque-melkite de Paris, enseignant au Theologicum de l'Institut catholique de Paris : "Les Noms du Christ : la voie du salut"
Michel Fédou, prêtre, jésuite, Professeur aux Facultés jésuites de Paris (Centre Sèvres) : "La question du salut aujourd'hui"

80 pages - mai 2014
A commander auprès du Centre théologique de Poitiers (5€ plus port)

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Yves-Marie Blanchard, introduction :
« Si l'on en croit Hilaire lui-même et ses biographes, le grand docteur poitevin ne découvrit l'âpreté du débat théologique post-nicéen – et du même coup n'entra dans l'histoire – qu'en 356 lors du Concile, ou synode, de Béziers. Sa résistance aux pressions impériales, voulant imposer aux Gaules une confession de foi minimaliste en matière christologique, lui valut, outre la notoriété, l'épreuve de quatre années d'exil en Phrygie : épreuve qualifiante – au sens sémiotique du mot – si l'on veut bien considérer l'enrichissement personnel et la fécondité ecclésiale d'une telle immersion, linguistique, culturelle et théologique, au sein de l'Orient grec, celui-là même auquel nous devons le Concile de Nicée, réuni trente ans plus tôt (325).
La référence ainsi posée au Credo de Nicée nous permet de redire l'enjeu proprement sotériologique du Symbole alors adopté par les Pères conciliaires : non seulement clarification théorique des fondements trinitaires de la foi authentique – c'est-à-dire « orthodoxe » au sens premier du terme – et commune à toutes les Églises, selon le double principe de catholicité et apostolicité désignant la Tradition, aussi bien dans l'espace que dans le temps, mais du même coup proclamation kérygmatique du don de Dieu, ou salut, communiqué aux hommes moyennant la médiation christologique, autrement dit le mystère de l'Incarnation du Fils unique, non pas « fait » chair selon une traduction maladroitement calquée sur un texte latin mal analysé, mais « devenu » chair, « advenu » à la condition humaine historique dans sa vulnérabilité et sa contingence, toutes valeurs inscrites dans la notion johannique de « chair » ici reprise par le Concile... »

Charbel Maalouf, conclusion :
"En conclusion, pour le Nysséen, le salut est le chemin de la communion au Christ, de la participation au mystère pascal, du renoncement au mal, de la transformation vers le bien, de la divinisation de l’être de l’homme. Il est l’expérience synergique de la donation de Dieu dans l’histoire de l’économie et dans la vie sacramentaire et de la démarche de l’homme dans la perfection et la vertu. Voilà pourquoi, à l’instar de la perfection, le salut est non seulement l’expérience de l’Infini dans le fini, de l’Incréé dans le créé, de l’Illimité dans le limité mais aussi du fini dans l’Infini, du créé dans l’Incréé, du limité dans l’Illimité ! En bref, il est synonyme de l’expérience infinie, illimitée et éternelle du Mystère pascal du Christ Sauveur, appropriée et vécue par le chrétien comme une amitié avec Dieu.
Laissons la parole à Grégoire de Nysse et terminons notre intervention sur le salut chez lui par le point d’orgue de sa contemplation sur le chemin du salut accompli par Moïse :
« Voilà donc, ô homme de Dieu, Césaire, le bref exposé que je te présente au sujet de la perfection de la vie vertueuse, où j’ai décrit la vie du grand Moïse comme un exemplaire expressif de la beauté, afin que chacun de nous, par l’imitation de ses œuvres, transcrive en soi l’image de cette beauté qui nous a été proposée […]. Car c’est là réellement la perfection, de ne plus abandonner la vie pécheresse par crainte du châtiment à la manière des esclaves, ni d’accomplir le bien dans l’espérance des récompenses, trafiquant de la vie vertueuse dans une mentalité intéressée et calculatrice, mais, regardant plus haut que tous les biens qui nous sont réservés en espérance selon les promesses, de ne craindre qu’une chose, de perdre l’amitié divine, et de n’estimer qu’une chose honorable et aimable, de devenir ami de Dieu, ce qui est, à mon sens, la perfection de la vie »


Michel Fédou, fin de la première partie :
« Un théologien asiatique, Aloysius Pieris, a traité de la question du salut dans le contexte des grandes religions asiatiques. Or il a développé la thèse suivante : en amont des appellations « Christ », « Fils de Dieu » ou « Seigneur », le langage des chrétiens renvoie d’abord à une expérience fondamentale qui est également présente aux autres religions (même si, bien évidemment, le langage chrétien est original et spécifique par sa manière même de se référer à la personne et à l’enseignement de Jésus). Car pour A. Pieris toutes les grandes religions, en dépit des dérives ou perversions dont elles portent la marque, reconnaissent fondamentalement un « mystère du salut » qui se manifeste lui-même sous une forme trine (sinon trinitaire). Je cite Pieris : « Ce qui est absolu ou unique n’est pas le titre, mais ce que toutes les grandes religions annoncent depuis des siècles, soit dans des catégories théistes, soit selon des formulations non-théistes, à savoir le mystère du salut qui s’exprime au moins sous une forme triple (si ce n’est trinitaire) » ; les trois dimensions sont celles-ci :
- d’une part, un au-delà qui constitue un salut (Yahweh, nirvana, brahman) ;
- d’autre part, une médiation salvifique (davar/imago Dei/dharma, etc.) ;
- enfin, une puissance salvatrice qui est donnée à l’homme, une capacité humaine au salut ou une force de salut habitant en l’homme.
« Dans un tel contexte, écrit A. Pieris, la signification d’une expression comme « Fils de Dieu » dépend de la découverte du point sensible dans le cœur de l’Asiatique, où Jésus, en nous faisant redire son histoire, trouvera le langage qui convient pour nous faire part de son identité unique au sein de ce mystère tridimensionnel. » C’est dans le cadre de ce mystère à trois dimensions que la vie de Jésus peut être comprise dans son originalité, depuis son baptême jusqu’au Calvaire.
L’auteur, en fait, insiste avant tout sur des convergences entre l’expérience chrétienne et l’expérience bouddhique, en tant qu’elles renvoient l’une et l’autre au Mystère du salut dans sa forme tridimensionelle ; je voudrais plutôt montrer, ici, comment la tradition chrétienne – et d’abord celle que nous héritons des Pères – est marquée par des options propres, comment elle est porteuse d’une annonce spécifique du salut et qui est en même temps une « bonne nouvelle » pour l’humanité.
S’il fallait une formule brève pour résumer la proposition chrétienne du salut, je choisirais cette formule-ci : Dieu sauve, par un homme, pas sans l’homme. Les trois éléments de cette formule vont être successivement développés. »

80 pages - mai 2014
A commander auprès du Centre théologique de Poitiers (5€ plus port)



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